Faisons didactique alors

Oui alors pourquoi pas.

Maître Sinshun est encore en vadrouille pour quinze jours, celui-là alors hein, l'on va donc avoir un sculpteur pendant une semaine qui va nous faire faire des exercices. De sculpture hein, on va pas faire de la gym ou des pompes hein. Puis une semaine avec une remplaçante fine connaisseuse de l'histoire de l'art et on espère en retirer beaucoup de choses. C'est stimulant tous ces gens qui ont un grand savoir et un grand savoir-faire. Et je me rends compte qu'à 50 piges cette année on aspire le savoir et la connaissance toujours comme une éponge, là je m'imbibe en fait, c'est bien. Non je dis c'est bien parce que c'est bien. Sinon je dirais autre chose. À l'évidence.

Bon ça tombe bien que j'absorbe encore car on a reçu une banque de 75 Go de livres de 35000 documents en tout, à compulser. C'est du lourd. 

Donc là pour continuer les queues d'aronde, les queues d'aronde cachées, super pas facile à faire, et je m'en sors pas mal. Donc les queues montrées côté intérieur et qui seront invisibles une fois les deux pièces assemblées, avec des restes de crayon du théorème de Thalès qui a permis le traçage des queues:

Et donc on va les assembler comme ça, hop laaaaa:

Et paf pif, on assemble les deux pièces et les queues ne sont plus visibles ni devant ni derrière:

Bon c'est aussi un assemblage ultra-solide en traction et en compression, mais c'est un truc un peu "challenge" avant tout.  On ne voit pas beaucoup de queues d'aronde cachées. Vous me direz que c'est normal pour des queues cachées qu'on ne les voie pas, eh oui en fait vu comme ça, ça se tient. 

Si un type vous dit "moi je fais que des queues d'aronde cachées comme assemblage de meubles", fuyez, c'est un fou. On commence avec les queues d'aronde cachées, on tourne fou et on devient vite serial-killer.  Bref on s'en fout. 

Des essais divers et variés, toujours travail à la main, tels que:

Une feuillure tapissière faite dans un morceau de bois dans laquelle est collée un autre morceau de bois pour combler ladite feuillure et refaire une belle feuillure souvent lardée de trous de semences de tapissier et qui finit par être impraticable et nuire à la solidité du siège. En plus de ça, alors hein:

Et une autre pièce de bois dans laquelle est faite un rainure, comblée ensuite par un autre morceau de bois ajusté. On fait une rainure plutôt qu'une feuillure dans le cas où le maximum de bois du meuble à restaurer doit être conservé, pour les mobiliers de musées, de châteaux et de trucs comme ça, le mobilier national, mais aussi individuellement si on veut faire les choses dans les règles de l'art, en fait le maximum de son aspect tel qu'il arrive doit être conservé et inchangé. On apprend qu'on ne doit pas faire mieux que ce qui a été fait, ce qui est un défaut des ébénistes. On doit refaire dans l'esprit de ce qui a été fait sans dénaturer l'oeuvre telle qu'elle a été conçue, même de façon médiocre. La philosophie de la restauration de meubles à son meilleur c'est de tout retaper et solidifier de l'intérieur en ne touchant que parcimonieusement à tout l'extérieur et ce qui est visible, en conservant donc le plus de bois et de caractéristiques intrinsèques du meuble possibles. 

Donc là la rainure faite puis rebouchée:

Pis tiens pour finir hein passe que on discute on discute hein, un tenon à peigne avec une mortaise. Raymond le tenon et Thérèse la mortaise. La mortaise ça s'écrit comme une protaise. Une protaise denthère. Alors un tenon à peigne ça sert à reconstituer un tenon cassé sur une traverse, en faisant un assemblage assez solide et qui toujours conserve le maximum de bois du meuble ancien:

Et là tac on l'enfile:

Et là schlak on est bons:

Et ça fait un tenon tout à fait respectable, prêt pour de nouvelles aventures:

Hein ça fait mieux didactique hein du coup? 

Là on est bien, détendus hein?

Bon alors sinon on va attaquer la petite commode en modèle réduit (environ 300mm de long, 300mm de haut et 200mm de large) en bois de rose et bois de violette. On va voir ce que ça va donner. Je vous tiens au courant.